Le Port du Havre créateur d'emplois (Etude INSEE 2000-2006) Imprimer
Écrit par Aigle Noir   
Lundi, 08 Décembre 2008 15:57
Selon une étude de l’Insee portant sur la période 2000-2006, la place portuaire du Havre est à l’origine de la création d’un emploi sur sept en Haute-Normandie.

Cette étude va donner du grain à moudre à ceux qui pensent que la filière maritime est la chance de la Haute-Normandie. D’après une étude de l’Insee, 15,3 % des emplois salariés créés dans la région entre 2000 et 2006 l’ont été sur la place portuaire du Havre. En chiffres bruts, les professions portuaires havraises ont créé 1.702 emplois pour atteindre les 16.374 salariés, soit une croissance de 11,6 % depuis 2000. Grâce à cette filière, la zone d’emploi du Havre a progressé de 4,5 % et la Haute-Normandie de 1,7 %. Sans elle, la croissance du Havre n’aurait été que de 3,6 % et la région serait restée franchement atone avec une petite hausse de 1,4 %.

Au sein de la filière maritime havraise, cinq secteurs se distinguent particulièrement : la manutention (540 emplois créés), l’entreposage (490), le transport routier (449), le transit et le négoce (268) ainsi que le transport fluvial (145). En revanche la réparation navale perd des emplois (267) tout comme le transport ferroviaire (202). Derrière ces chiffres, se lit l’histoire économique et sociale du Havre de ce début de siècle. La croissance est à mettre à l’actif quasi exclusivement des conteneurs dont le trafic a progressé de 53 % sur la période considérée pour atteindre 21,1 millions de tonnes. Le traitement des "boîtes" qui représente les trois-quarts de l’activité maritime au Havre a apporté du travail aux dockers mais aussi aux employés de la logistique, aux chauffeurs routiers, aux transitaires et aux bateliers. En revanche, la réparation navale a quasiment disparu après le naufrage des ACH et le transport ferroviaire s’est mis aux abonnés absents jusqu’à ces derniers mois. Ces résultats sont d’autant plus significatifs que l’étude ne prend pas en compte la montée en puissance de Port 2000 surtout sensible depuis 2007.

L’étude est aussi riche de précieux renseignements sur la typologie des salariés de la filière maritime. Ses emplois sont ainsi très majoritairement masculins (72 % contre 60 % sur la totalité du bassin d’emploi du Havre). La féminisation progresse "avec la tertiarisation des activités" selon l’Insee mais plus lentement qu’ailleurs. Les métiers de pilotes, de lamaneurs ou de dockers restent pratiquement exclusivement masculins. A l’inverse la filière, parce qu’elle a beaucoup recruté dans la période récente, s’est considérablement rajeunie. Un emploi sur deux est occupé par un salarié âgé de moins de quarante ans. La proportion est plus forte encore chez les dockers (57 %) une profession qui devra probablement dans un futur proche développer une politique de recrutement exogène pour faire face aux besoins. A l’inverse le pilotage, le lamanage et le remorquage, peu créateurs d’emplois durant la période, se singularisent par une faible proportion de jeunes (25 %).

Masculine et jeune la filière se distingue aussi par son niveau de qualification plus élevé que la moyenne de la zone d’emploi du Havre. Elle compte 15% de cadres (contre 10) et 41 % d’ouvriers qualifiés (contre 24). Les employés et les professions intermédiaires sont en proportion relativement faible (40 % contre 55) sauf dans les domaines du transit et négoce (72 %) des armements (70 %) et des assurances et expertises (62 %).

Enfin, les salariés de la filière maritime habitent dans l’écrasante majorité des cas à proximité de leur lieu de travail. 13.900 d’entre-deux (85 %) logent dans la pointe de Caux délimitée à l’est par une ligne allant de Fécamp à Lillebonne. 8.700 (53 %) résident dans la commune même du Havre. Très peu ont fait le choix de la rive gauche en premier lieu Pont-Audemer (300) et Honfleur (200), un peu plus celui de Rouen (400).

Source : Les activités maritimes et portuaires du Havre Cahier d’aval numéro 80 INSEE.

 

Une croissance qui profite d’abord à la Zone industrialo-portuaire

Géographiquement, la croissance de la filière a profité en premier lieu à la Zone industrialo-portuaire (ZIP) dont les emplois maritimes ont cru de 67 % sur la période principalement grâce aux terminaux à conteneurs et aux parc logistiques du Hode et du pont de Normandie. Mais ces nouveaux emplois ont tout juste compensé les pertes enregistrées par la ZIP en matière industrielle. En revanche les quartiers sud ont perdu des emplois maritimes (- 14 %) parce qu’ils ont fait l’objet d’une reconquête urbaine par la ville. Le quartier d’affaires du Havre en centre-ville reste l’endroit où l’emploi maritime et portuaire est le plus développé avec 5.378 salariés, soit un sur trois. Sa croissance apparait modeste (+ 1,6 % sur la période) mais les lieux ont été récemment valorisés avec la construction du siège de Delmas ou de l’immeuble Colbert dont la moitié des occupants sont des agences maritimes. Cette vocation sera spectaculairement confirmée avec la construction du siège de CMA CGM attendu pour le début de la décennie 2010.